Ulcère de Buruli

Infection à Mycobacterium ulcerans

 

  • L’ulcère de Buruli est une maladie chronique débilitante de la peau et des tissus mous pouvant entraîner des déformations et des incapacités permanentes.
  • La bactérie pathogène responsable est Mycobacterium ulcerans.
  • Au moins 33 pays, situés dans des zones de climat tropical, subtropical et tempéré, ont signalé l’ulcère de Buruli.
  • Chaque année, 15 de ces 33 pays notifient entre 5000 et 6000 cas.
  • La plupart des cas surviennent dans des communautés rurales de l’Afrique subsaharienne.
  • Près de la moitié des personnes affectées en Afrique sont des enfants de 15 ans et moins.
  • Une association d’antibiotiques permet de guérir 80% des cas détectés à un stade précoce.

L’ulcère de Buruli est l’une des 17 maladies tropicales négligées. Il résulte de l’infection par Mycobacterium ulcerans, un micro-organisme appartenant à la famille des bactéries responsables de la tuberculose et de la lèpre.

L’infection entraîne une destruction de la peau et des tissus mous avec des ulcérations étendues, en général sur les jambes ou sur les bras. Faute d’un traitement précoce, les patients souffrent d’incapacités fonctionnelles sur le long terme. Le diagnostic et le traitement précoces sont les seuls moyens pour réduire au maximum la morbidité et éviter les incapacités.

Localisation

L’ulcère de Buruli a été signalé dans 33 pays en Afrique, dans les Amériques, en Asie et dans le Pacifique occidental. Sauf en Australie, en Chine et au Japon, la plupart des cas surviennent dans des régions tropicales ou subtropicales.

C’est en Afrique de l’Ouest, et notamment au Bénin, en Côte d’Ivoire et au Ghana, que l’on notifie le plus de cas, la Côte d’Ivoire signalant à elle seule près de la moitié du nombre total de cas dans le monde.

 

L'ulcère de Buruli en Côte d'Ivoire

La maladie a été décrite pour la première fois en 1980 et elle est devenue en quelques années seulement un véritable problème de santé publique dans le pays.

Elle sévit dans toutes les régions du pays, plus particulièrement dans la région de Daloa (centre ouest de la Côte d'Ivoire). Les foyers se situent presque toujours autour d'un écosystème aquatique (fleuves, lacs naturels ou artificiels, zones marécageuses, systèmes d'irrigation), et c'est une maladie rurale.

On compte 30.000 cas de la maladie en Côte d'Ivoire depuis 1978, ce qui en fait, et de loin, le pays d'Afrique le plus touché, avec en moyenne 2000 nouveaux cas par an.

Le gouvernement ivoirien a créé en 1995 le Programme National de lutte contre les Ulcères à Mycobactéries (PNUM), qui a axé sa stratégie de lutte contre la maladie à travers la prévention par le dépistage, la prise en charge précoce des cas et la recherche par l'amélioration du diagnostic clinique et du traitement.

Le Centre de Santé Saint-Michel de Zoukougbeu, spécialisé dans le traitement de l’Ulcére de Buruli, est l’un des acteurs principaux de cette lutte en Côte d’Ivoire.

L'initiative de l'OMS contre l'UB lancée en 1998 a permis la mise en place du protocole de traitement par une association d'antibiotiques, et l'OMS en distribue gratuitement au PNUM.

 

Caractéristiques cliniques

Les aspects cliniques et épidémiologiques des cas varient (selon la zone géographique) en fonction des pays et des situations.

En Afrique, environ 48% des sujets touchés sont des enfants de moins de 15 ans, alors qu’en Australie ils ne représentent que 10% des cas et au Japon 19%.

La répartition selon le sexe est également variable: en Afrique, le rapport entre le sexe masculin et féminin est de 52%/48% alors qu’au Japon, il est de 34%/66%.

En général, 35% des lésions se localisent sur les membres supérieurs, 55% sur les membres inférieurs et 10% sur d’autres parties du corps.

En Afrique, la plupart des cas sont diagnostiqués à un stade tardif:.. En Afrique du Nord, environ 26% des cas sont diagnostiqués avant l’ulcération alors qu’en Australie et au Japon, cette proportion n’est que de 10%.

 

Agent causal

Pour se développer, M. ulcerans a besoin d’une température située entre 29 et 33°C (elle est de 37°C pour M. tuberculosis) et d’une faible concentration en oxygène (2,5%). Ce micro-organisme produit une toxine destructrice, la mycolactone, qui provoque des lésions tissulaires et inhibe la réponse immunitaire.

 

Transmission

On ignore encore le mode exact de transmission de M. ulcerans. Il semble toutefois qu’il varie selon les zones géographiques et les situations épidémiologiques. Certains êtres vivants pourraient jouer un certain rôle en tant que réservoirs ou vecteurs de la bactérie, notamment les insectes aquatiques, les moustiques adultes ou d’autres arthropodes piqueurs.

Dans l’État de Victoria, en Australie, l’ulcère de Buruli survient également dans la faune sauvage autochtone et chez les animaux domestiques. Des cas confirmés en laboratoire ont été diagnostiqués chez des koalas, des phalangers communs à queue annelée, un phalanger-renard des montagnes, un potorou (kangourou-rat), des chevaux, des chiens, des alpagas et un chat.

 

Signes et symptômes

L’ulcère de Buruli démarre souvent par une tuméfaction (nodule) indolore. Il peut aussi se présenter initialement sous forme d’une large zone d’induration indolore (plaque) ou d’un œdème diffus et indolore des jambes, des bras ou du visage. Le pouvoir immunosuppresseur de la mycolactone au niveau local permet à la maladie d’évoluer sans douleur ni fièvre.

En l’absence de traitement ou parfois au cours de l’antibiothérapie, le nodule, la plaque ou l’œdème s’ulcère en quatre semaines et forme alors la lésion classique à bords creusés. Il arrive que l’os soit touché, ce qui entraîne de grosses déformations.

 

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