Méditer la Passion du Christ

 

MESSAGE DE LA VIERGE MARIE

 

à la vénérable Marie d'Agreda concernant la passion :

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" Ma fille, Jésus Christ n'aurait pas suffisamment rempli sa mission de sauver les hommes, s'il ne leur eut enseigné que leur néces­saire victoire sur eux-mêmes et les démons fût le fruit de la croix.  

 Em­brassez donc votre croix avec amour et portez-la avec joie sur les tra­ces de votre divin Maître.

 

  Il faut que vous mettiez votre gloire dans la persécution, les mépris, les outrages, les maladies, la pauvreté et tout ce qui est pénible. Pour m'être agréable, ne cherchez pas de soulagement dans les choses terrestres, ne vous amusez pas à réfléchir sur vos peines et ne les découvrez à personne dans l'espoir de les diminuer. Gardez-vous bien surtout d'exagérer les déplaisirs que vous recevez des créatures, de dire que vous souffrez beaucoup et de vous comparer aux autres per­sonnes affligées.

 

  Je ne prétends pas que ce soit un péché de se procurer quelque sou­lagement honnête et modéré et de se plaindre quelquefois avec pa­tience. Mais de votre part, ce soulagement serait une infidélité à votre Seigneur qui vous a tant favorisé. Il veut que vous vous unissiez telle­ment à lui que vous ne vous accordiez pas un soupir, sans une fin plus haute que celle d'un adoucissement.

 

  Tenez pour règle générale que toutes les consolations humaines sont défectueuses et même dangereuses. Vous devez accepter seulement celles que le très haut vous enverra par lui-même ou par ses anges. Et encore ne faut-il prendre de ces divines douceurs que ce qui fortifie pour souffrir davantage" (P. 282).

 

QU'IL EST BON DE MÉDITER LA PASSION

 

"Il est excellent et très saint d'avoir la passion du Seigneur présente à l'esprit et de la méditer, car c'est par là que l'on parvient à l'union avec Dieu. C'est dans cette école sainte qu'on apprend la vraie sagesse ; c'est là en effet que tous les saints l'ont apprise."  (S. Paul de la croix, Fondateur des Passionnistes, Office des Lectures en la fête du Saint).

 

   La Bienheureuse Angèle de Foligno pria un jour Notre-Seigneur de lui enseigner à quel exercice elle l'honorerait le plus. Il lui apparut attaché à la croix et lui dit : "Ma fille, regarde mes plaies". Elle apprit de ce très aimable Sauveur que rien ne lui est plus agréable que la méditation de ses souffrances. (S. Louis-Marie Grignon de Montfort, Œuvres Complètes, Seuil, Paris, 1966, p. 324).

 

  "Une heure de méditation de ma douloureuse passion, confiait Notre Seigneur Jésus, à la Bienheureuse Sœur Faustine, a un plus grand mérite, que toute une année de flagellation jusqu'au sang" (P. 167).

 

   "Il a souffert sous ponce Pilate", disons-nous dans le Credo. Mais en voyant Jésus crucifié, dans certaines images, très propres, avec à peine quelques "rayures" en guise de blessures, et en pointillé, deux ou trois gouttes de sang, on s'imagine difficilement les souffrances de celui qu'on disait "broyé par la souffrance" et tellement torturé qu'il" n'avait plus l'apparence d'un homme" (Is 52 -53). A la limite, on est tenté de penser : "Si ce n'est que cela ses souffrances, d'autres ont souffert davantage..."

 

Les évangélistes, il est vrai, nous ont rapporté la passion avec la pudeur convenable, pour ne pas "scandaliser les faibles", en omettant les détails choquants, les scènes d'extrême cruauté. Ainsi Luc, par exemple, qui se veut l'évangéliste de la miséricorde, n'a retenu que trois phrases (Père pardonne-leur... Tu seras avec moi dans le paradis... Entre tes mains je remets mon esprit...) sur les sept que Jésus a dites sur la croix, omettant volontairement les autres, jugées sensibles et pénibles pour ses lecteurs.

 

   Avec quelques âmes mystiques (à qui le Seigneur a permis de contempler plusieurs détails de sa passion), dont quelques unes ont été déjà honorées par l'Église comme saintes ou bienheureuses, nous allons méditer les cinq mystères douloureux du Rosaire, en parcourant les 14 Stations traditionnelles du Chemin de croix.

 


À GETHSÉMANI

 

  C'est la première étape de la passion : l'épreuve du jardin des Oliviers, où Jésus sous l'effet de l'angoisse et de la peur, transpirera du sang.

 

  Jésus comme nous le dit S. Luc, avait l'habitude de se retirer au jardin des Oliviers pour prier. Mais aujourd'hui, il sait que ce ne sera pas comme d'habitude. Il s'agit d'une dernière fois. Il ne sera plus jamais question de revenir en ce lieu de retraite si cher. Et lorsqu'on pense que Gethsémani veut dire "pressoir à huile", on comprend qu'en ce Jeudi Saint, ce jardin prend tout son sens, puisque son hôte habituel, devient "un pressoir à sang". Jésus suppliera en vain son Divin Père de modifier, si possible, le programme !

 

  Il nous sera difficile d'exprimer, ne serait-ce qu'imaginer l'ensemble des sentiments qui ont animé Notre Seigneur, lorsqu'en cette nuit du jeudi Saint, il s'est rendu à Gethsémani. Il nous a simplement révélé que sa tristesse fut si grande qu'elle seule aurait pu l'emporter : " mon âme est triste à en mourir " (Me 14, 34). Jésus, Hélas, n'a pas la même chance que nous d'ignorer la souffrance qui l'attendait ; il la voyait jusque dans le moindre détail.

 

  Voilà ce qu'il révéla à Sœur Josefa Menéndez : "Au même instant, Je vis s'appesantir sur moi, tous les tourments de la passion : les calomnies et les insultes… les fouets et la couronne d'épines,… la soif..., la croix, toutes ces douleurs se pressèrent à mes yeux, en même temps que la multitude d'offenses, des péchés et des crimes qui se commettraient à travers les siècles... Non seulement je les vis, mais j'en fus revêtu... Et sous ce fardeau d'ignominie..., sous le poids de tant de crimes, ma nature humaine fut saisie d'une telle angoisse et d'une si mortelle agonie, que tout mon corps fut couvert d'une sueur de sang." (P. 368).

 

  Jésus nous livre également la cause essentielle de son atroce douleur :

sa passion restera inutile pour certains pécheurs obstinés, qu'il n'arrivera pas à sauver : "Mon âme, triste et désemparée, allait souffrir d'une angoisse plus mortelle encore, car sous le poids des iniquités de l'humanité et en retour de tant de souffrances et tant d'amour, je ne voyais qu'outrages et ingratitudes. Le sang qui coulait de mes pores, et qui jaillirait bientôt de toutes mes blessures, resterait inutile pour tant d'âmes... beaucoup se perdraient... d'autres en plus grand nombre m'offenseraient...

  

     Ah ! qu'il est triste pour le cœur d'un Dieu dont l'amour est infini, de voir tant d'âmes s'avancer insensiblement vers l'abîme..." (P. 371. 375).

 

   Pendant ce temps, tout près de lui les trois élus (Pierre, Jacques et Jean) dorment, tandis que Judas, éveillé et actif, s'apprête pour la trahison que suivra son suicide.

 

    "Qui pourra mesurer ma douleur quand je vis mon apôtre marcher à sa perte !"

 

   Pierre, une fois réveillé, arrivera quand même à couper une oreille avant de s'enfuir avec les autres. A son retour, avec un reste de courage et de curiosité, il suivra Jésus de loin, dépassé par les événements. Pour sauver sa peau, il est obligé de mentir trois fois, avant de disparaître définitivement de la scène. Saint Jean, le plus jeune et le plus pur, reste le seul qui, après la fuite, revient suivre le Maître.

 

   La passion ne fait que commencer, et voilà que déjà, Jésus est seul.

 

La Flagellation

 

Pour les enfants, il sera peut-être utile de préciser que "flageller", c'est la même chose que "chicoter", mais avec une chicotte spéciale que nous allons décrire.

 

La flagellation officielle chez les juifs est limitée à 40 coups, selon le témoignage de Paul lui-même (2 Co 11). La flagellation romaine par contre, reste une punition terrible ; elle pouvait à elle seule suffire pour "démolir" un homme, suite aux nombreuses et profondes blessures qu'elle engendre.

 

   Certains savants américains ont même émis l'hypothèse que Jésus serait mort sur la croix, d'une hémorragie interne provoquée par a flagellation.

 

   La flagellation, aussi bizarre que cela puisse paraître, comportait parfois un but "humanitaire", celui d'affaiblir celui qu'on voulait crucifier ; de sorte qu'une fois affaibli (parce qu'on y perd beaucoup de sang) il n'ait plus à souffrir longtemps sur la croix, avant de mourir. C'est dans le même but qu'on donnait certaines boissons, qui sont en fait des drogues, pour saouler en quelque sorte les crucifiés. Jésus, comme nous le savons, n'acceptera de prendre que le vinaigre, à l'exclusion de toute autre boisson anesthésique (Jn 19, 29).

 

   Pilate quant à lui, avait un autre objectif en proposant à la foule de flageller Jésus : contenter les juifs par une sanglante flagellation qui, à elle seule, espérait-il, devrait suffire pour convaincre les juifs qu'il soit relâché, sans qu'il y ait besoin de tuer un innocent. Les juifs ne marcheront pas.

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Quels sont les instruments de la flagellation ?

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  Les instruments de la flagellation : ce sont des cordes en cuir dont les bouts sont terminés par du plomb : 7 morceaux de plomb, selon Maria Valtorta.

  

  Écoutons Maria décrire elle-même : "Ils sont armés d'un fouet fait de sept lanières de cuir, attachés à un manche qui se terminent par un martelet de plomb" (p. 229)

  Ces fouets sont ainsi confectionnés pour faire des plaies non pas à la surface de la peau (comme c'est le cas des matraques), mais en profondeur, c'est-à-dire, des plaies qui sont en fait, des petits trous dans la chair.

 

  Les bourreaux chargés de la flagellation sont des soldats romains spécialisés dans ce genre de tâche. Deux personnes frappent en même temps, en donnant les coups l'un après l'autre. Mais on peut se relayer. Dans le cas de Jésus, Marie d'Agreda note que 3 groupes de deux personnes se sont relayés pour flageller Jésus.

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Comment flagelle-t-on?

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  Pour commencer, il faut naturellement déshabiller celui qu'on doit flageller, pour éviter que ses habits amortissent la violence des coups. On est donc flagellé, torse et jambes nus.

 

  Lorsque vous recevez un violent coup de chicotte, la partie frappée vous brûle vivement, mais momentanément ; et si l'on n'arrête pas de vous frapper sur tout le corps pendant quelques dizaines de minutes, vous avez l'impression qu'on est en train de vous brûler réellement, vu que les brûlures seront multipliées par le nombre de coups reçus, et sur la surface du corps ainsi blessé.

   Jésus a dû ressentir quelque chose de semblable.

 

  Nous savons par expérience, que pour une plaie ouverte, il suffit du plus petit contact d'un objet avec la plaie, pour provoquer une vive douleur, proportionnelle toutefois à la violence du choc. Imaginez ce que cela peut être, quand il s'agit de plusieurs contacts violents, entre des plaies fraîchement ouvertes, avec ces morceaux de plomb, de fouets des soldats romains ! Sainte Brigitte chiffre par milliers le nombre de coups reçus par le Seigneur.

 

  Pendant la flagellation on est poussé instinctivement à fuir, ou du moins à se mouvoir dans tous les sens pour ne pas être frappé plusieurs fois au même endroit. Alors, pour immobiliser le flagellé, on le maintenait debout, les mains liées au-dessus de la tête à une colonne ou autre chose qui laisse le corps assez dégagé, pour recevoir les coups. Ainsi, en cas d'extrême épuisement durant la flagellation, il ne sera pas possible ni de s'enfuir, ni de s'écrouler, puisque les cordes qui lient les deux mains soutiennent te corps toujours par le haut. Les bourreaux peuvent frapper autant qu'ils veulent, sans craindre de voir le supplicié s'écrouler par excès d'épuisement.

 

  Là encore, Maria Valtorta fait une riche description. "Dans cette cour...., il y a au milieu une haute colonne, à environ trois mètres du sol ; elle a un bras de fer qui dépasse d'au moins un mètre et se termine en anneau ... on y attache Jésus avec les mains jointes au-dessus de la tête, après l'avoir fait déshabiller. Il ne garde qu'un petit caleçon de lin et ses sandales.

 

  Les mains attachées aux poignets, sont élevées jusqu'à l'anneau, de façon que lui, malgré sa haute taille, n'appuie au sol que la pointe des pieds (Jésus est comme suspendu)... Et cette position doit être aussi une torture ... sa tête pend sur sa poitrine comme s'il s'évanouissait. S'il n'était pas soutenu par les cordes, il tomberait... " (P.229).  

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"Flagellé jusqu'aux os !"

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  Au cours de la flagellation, comme on doit s'y attendre, le corps commence par rougir (dans le cas d'un blanc) ensuite c'est la peau qui s'enlève, ensuite la chair, et si l'on continue, on en arrive aux os. Nous savons par exemple, qu'au niveau des côtes qui forment la cage thoracique, il n'y a pas tellement de chair. Par conséquent, si quelqu'un reçoit des coups très violents de ces fouets armés de plomb, il se formera des plaies qui se creuseront au fur et à mesure qu'on frappera ; frappant donc plusieurs fois au même endroit, la chair s'enlèvera au fur et à mesure et finalement, laissera apparaître les os nus. Le témoignage de plusieurs voyantes de la passion est unanime à ce sujet : Jésus a été flagellé jusqu'aux os !

 

  C'est ainsi que le Seigneur est apparu à la Vénérable Marie d'Agreda après sa flagellation, avec quelques plaies découvrant ses os :

"Ils déchirèrent sa chair sacrée, ils en firent tomber plusieurs lambeaux par terre et lui dénudèrent les os en divers endroits des épaules où on les voyait tout ensanglantés, quelques-uns sur un espace plus large que la paume de la main "(P. 269).

 

  Sainte Brigitte dans ses révélations sur la Passion dit ceci "Je vis son corps fouetté et déchiré jusqu'aux os, de sorte que ses côtes paraissaient et ce qui était plus amer, quand on retirait les fouets, on sillonnait et on déchirait sa chair."

 

  En effet, après un coup de fouet sur le corps, les cordes ont tendance à entourer momentanément le corps ; en retirant rapidement le fouet pour frapper de nouveau, les cordes entraient dans les plaies et arrachaient la chair, c'est ce qu'a voulu expliquer Ste Brigitte. (P. 85).

 

  La Bienheureuse Sr Faustine résume ainsi sa vision de Jésus après la flagellation : "Je vis comment Jésus avait souffert pendant la flagellation. C'est un supplice inconcevable. Quelles terribles douleurs Jésus a enduré lorsqu'il a été flagellé... son sang a coulé à terre, et la chair commençait à se détacher en certains endroits. Et j'ai vu dans son dos quelques os à nu..."  (p. 114).

 

  Pendant la flagellation, nous révèle Maria Valtorta, "il ne manque pas de coups donnés aux jambes et aux bras et même à la tête".

 

  Marie d'Agreda dit la même chose : "Pour qu'il n'y eut aucune partie qui échappât à leur rage, ils le frappèrent, en lui causant des douleurs incroyables, aux pieds, aux mains et même au visage qui fut si meurtri que le sang en coulait de toutes parts et l'aveuglait entièrement" (p. 269).

 

  Marthe Robin, la célèbre mystique française, voyait Jésus après sa flagellation, comme "un linge trempé dans du sang". Le psalmiste, comme "un ver, pas un homme" (Ps 22, 7). Isaïe trouvera qu’ "il n'avait plus figure humaine" (Is 53, 14).

 

  Voici la petite note finale de Sœur Josefa Menéndez (mystique espagnole), voyant Jésus après sa flagellation ; "ce qui m'a le plus impressionnée, ce sont ses yeux qui sont habituellement si beaux..., aujourd'hui, ils étaient fermés, très enflés et ensanglantés, l'œil droit surtout. Ses cheveux pleins de sang tombaient sur sa figure, sur ses yeux, sur sa bouche... De son épaule gauche, pendait un lambeau de chair prêt à se détacher et de même en plusieurs endroits de son corps"... (p. 398).

 

 Pour la suite, on peut facilement imaginer que ces plaies, sous l’effet de la chaleur et de la transpiration, ajoutées aux efforts musculaires pour transporter la croix, resteront pour Jésus, une torture permanente jusqu'à sa mort.

 

 

LE COURONNEMENT D'ÉPINES

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  Le scénario du couronne­ment d'épines est en fait une trouvaille des soldats, beau­coup moins pour causer de la douleur physique à Jésus (comme c'est le cas, dans la flagellation), que pour le ridiculiser.

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  Les soldats en effet, ne vont pas se contenter de lui tisser la couronne d'épines ; ils vont lui changer de vêtements, pour lui trouver des vêtements ridicules de roi improvisé, lui mettre un roseau dans la main pour qu'il gouverne- Jésus joue le jeu jusqu'au bout allant jusqu'à prendre volontiers de ses propres mains, le roseau qui devait lui servir de sceptre pour gouverner....

 

  La tête, comme on le sait, est le siège de la sagesse. C'est là que réside l'intelligence et l'homme libre est désigné comme le seul animal qui marche en levant le front.

 

  C'est pourquoi, frapper la tête de Jésus avec un roseau, le gifler, ou lui cracher à la figure, a pour but, de le blesser profondément dans son orgueil d'homme libre et intelligent. Quand nous sommes giflés, nous souffrons moins de la douleur qui s'en suit, que de l'humiliation qui nous est signifiée par le geste en lui-même, de donner une gifle.

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La pose de la couronne d'épines

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  Bien sûr, en pensant à Jésus couronné d'épines, il ne faut pas s'imaginer que les soldats ont délicatement déposé la couronne d'épines sur la tête de Jésus, comme s'ils se préoccupaient de ne pas le blesser. Ce n'était pas là leur objectif ; leur objectif c'était que la couronne reste sur sa tête jusqu'au calvaire. Il n'y avait pas d'autres solutions que de l'enfoncer dans sa tête pour qu'elle ne tombe pas, en cours de route.

 

  Les soldats, selon le témoignage de Maria Valtorta ont, une première fois, enfoncé la couronne dans la tête de Jésus et se sont rendus compte qu'elle était trop petite, faute d'avoir pu prendre auparavant, "les mesures" de sa tête ; ainsi, il a fallu trois tentatives qui consistaient à enfoncer la couronne et à l'enlever, pour trouver finalement la couronne dont la mesure corresponde à la forme de la tête du Christ :

"Un soldat court dehors, dans une cour qui se trouve derrière, d'où il revient avec un fagot de branches d'aubépine sauvage. Elles sont encore flexibles, souples, mais bien dures avec leurs épines longues et pointues ; ils enlèvent les feuilles, plient les branches en forme de cercle et les enfoncent sur la pauvre tête. Mais la couronne barbare lui retombe sur le cou.

 

  "Elle ne tient pas. Plus étroite. Enlève-là ".

 

Ils l'enlèvent et griffent les joues en risquant de l'aveugler et arrachent ses cheveux en le faisant. Ils la resserrent. Maintenant elle est trop étroite et bien qu'ils l'enfoncent en faisant pénétrer les épines dans sa tête, elle menace de tomber. Ils l'enlèvent de nouveau en lui arrachant d'autres cheveux. Ils la modifient de nouveau. Maintenant, elle va bien. Par devant, un triple cordon épineux. En arrière, là où les extrémités des branches se croisent, c'est un vrai nœud d'épines qui entrent dans la nuque" (p. 231).

 

  Selon Sainte Brigitte, la couronne d'épines avait piqué Jésus dans une dizaine d'endroits différents. Marie d'Agreda donne ici quelques détails : " Ils mirent sur sa tête une couronne faite de joncs épineux dont les pointes étaient très fortes et très aiguës, et la lui enfoncèrent avec tant de violence que plusieurs épines pénétrèrent jusqu'au crâne, jusqu'aux oreilles et même jusqu'aux yeux" (p. 271)

 

  En tout cas, le visage de Jésus devrait être effrayant : Ruisselant de sang qui coule jusque dans ses yeux et dans sa bouche, il faut compter aussi les crachats, la sueur, la poussière, et peut être aussi les larmes ... s'il est vrai que Jésus est tombé plusieurs fois sur la route du calvaire (comme le témoigne Maria Valtorta), il faut supposer qu'on a dû lui remettre plusieurs fois sa couronne, et donc, qu'elle a dû lui provoquer de nouvelles blessures.

 

  Jésus était, après la flagellation et le couronnement d'épines, dans un état que chacun peut imaginer. En fait, c'est le résultat que Pilate avait espéré : une flagellation suffisamment violente, de manière à obtenir des Juifs quelque sentiment de pitié : voyant Jésus ainsi déchiré et couvert de sang, puis couronné d'épines, afin que ses compatriotes puissent renoncer à la crucifixion.

 

  Mais les juifs ayant perçu le piège de Pilate, crièrent de plus belle : "A mort '. A mort ! Crucifie-le !" tandis que Pilate le présentait : " voici l'homme ! " . Autrement dit, cela vaut-il la peine encore de crucifier un tel misérable, physiquement réduit à rien?  

 

  "A mort ! A mort ! Crucifie-le !"

 

 

LE PORTEMENT DE CROIX

 

Sur la route du calvaire

 

  Les personnes qu'on doit crucifier, dit-on, ne portent normalement que la barre transversale de la croix jusqu'au calvaire. Dans le cas de Jésus, selon le témoignage des évangélistes et aussi des mystiques, le Seigneur "lui-même" a dû porter sa croix entière, c'est-à-dire, avec les deux barres pour se rendre à Golgotha.

 

  Si vous voulez avoir une idée du poids de la croix de Notre Seigneur, imaginez le poids et l'épaisseur qu'il faut à une croix pour porter un homme d'environ 1, 80 mètre. Selon Maria Valtorta, "la pièce verticale de la croix n'a pas moins de 4 mètres".

 

  Malheureusement c'est une croix trop lourde pour un Jésus déjà trop affaibli, assez admirable déjà de tenir sur ses jambes après la violente flagellation. Toutefois, le Christ aurait pu porter lui-même sa croix jusqu'au bout :

 

  • Si tout d'abord, la nuit du jeudi saint n'avait pas été particulièrement mouvementée. Souvenons-nous qu'il a passé des heures à prier, avant d'être arrêté, frappé, torturé et mis en prison, pour être récupéré le jour suivant, c'est - à - dire, le vendredi. Il est certain que Jésus, après la fatigue de la journée et de la nuit, n'avait pas fermé l'œil le jeudi saint.

  • Jésus est déjà physiquement diminué par la flagellation, ayant perdu beaucoup de sang et il continuera d'en perdre puisque ses plaies resteront toujours ouvertes et exposées à la forte chaleur qui précède midi ; depuis le jeudi nuit, il n'a plus rien mangé, rien bu.

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  • Il y a longtemps déjà qu'il porte la couronne d'épines qui, pendant tout le trajet qui mène au Golgotha, va continuer à répandre du sang sur son visage et particulièrement sur ses yeux ; les deux mains étant occupées, Jésus n'a pas d'autre possibilité pour s'essuyer le visage. C'est là qu'intervient Véronique, même si après son geste, le sang et la sueur mêlés à la poussière ne cessent pas de couler.

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  • Ensuite, il faut surtout prendre en compte le relief, c'est-à-dire, le fait que le lieu de la crucifixion est sur une colline. Par conséquent, il faut monter pour avancer. Or, avec une charge, toute montée devient pénible, même pour les plus robustes.

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   Jésus a révélé à Saint Bernard de Quintavalle, que la plaie la plus douloureuse de sa passion était inconnue des chrétiens. Il s'agit de la plaie de son épaule où il portait la croix. Vous savez par exemple que dans nos villages, pour porter les cercueils, les hommes mettent sur leurs épaules une sorte de chiffon, pour se protéger. Autrement, avec le poids du cercueil combiné aux mouvements brusques de la marche, on se blesse très rapidement à l'épaule.

 

  Jésus, évidemment, n'avait pas droit de mettre quelque chose sur ses épaules. Ainsi donc, avec la montée, le poids de la croix et les mouvements de la marche, Jésus a expliqué à Saint. Bernard qu'il s'est fait une plaie profonde à l'épaule "qui laissait découverts, trois os" ; la croix ayant petit à petit écrasé les muscles et la chair de l'épaule jusqu'à rencontrer les os.

 

  Voici le témoignage de Marie d'Agreda : " les pierres qu'il rencontrait en tombant, le blessaient surtout aux genoux. La pesanteur de la croix lui fit à l'épaule une grande plaie. En outre par les secousses qu'on lui imprimait, tantôt elle heurtait contre sa tête, tantôt sa tête heurtait contre la croix, et alors, les épines de la couronne s'enfonçaient davantage dans les parties les plus vives de la chair" (p. 275).

 

  Maria Valtorta parle de cette même plaie, en expliquant qu'elle avait d'abord été ouverte par la flagellation, avant que Jésus ne soit obligé d'y déposer sa croix : "La croix qui échappe de ses mains et tombe après lui avoir frappé fortement le dos, l'oblige à se pencher pour la relever et à peiner pour la mettre de nouveau sur ses épaules. Pendant qu'il le fait on voit nettement sur son épaule droite les plaies nombreuses de la flagellation (que le portement de la croix transformera en une seule) qui transsudent de l'eau et du sang, de sorte que la tunique est toute tachée à cet endroit. Les gens applaudissent même, heureux de ces chutes..." (P. 269).

 

  Jésus avançait donc, la croix dans la plaie et par moments, elle devait carrément reposer sur les os de l'épaule, ou en tout cas continuer à élargir la plaie, sans que ne s'arrête la marche. Remarquez que chaque fois qu'il tombe et qu'il se relève, on lui charge de nouveau la croix dans la même plaie...

 

  Les femmes de Jérusalem, devant ce spectacle, pleurent... Jésus s'écroule et, cette fois-ci, les soldats se rendent compte qu'il ne pourra pas arriver ainsi au calvaire, s'ils le laissaient porter lui seul sa croix. Peut-être arriveront-ils mais après avoir perdu trop de temps. En outre, ayant reçu l'ordre de crucifier quelqu'un, ç'aurait été une faute lourde de le laisser mourir autrement que par la crucifixion. Simon de Cyrène se présente comme la solution.

 

 

LA CRUCIFIXION

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Si les juifs n'ont pas demandé que Jésus soit égorgé, brûlé vif etc., et qu'ils ont réclamé la crucifixion, c'est qu'ils savent que c'est la mort la plus douloureuse qui puisse exister à l'époque. En somme, c'est une sorte de suicide très lent. Il s'agit de mettre quelqu'un dans des conditions telles que lui-même se torture et se tue à petit feu, sans que personne ne soit obligé d'intervenir pour l'achever.

 

Comment ça se passe ?

 

D'abord, il faut des clous assez gros, assez longs et résistants pour traverser les pieds et les mains et ensuite, entrer dans le bois. Imaginez-les vous-mêmes ! On déshabille le condamné, on l'étend sur la croix, on le transperce avec les clous, avant de l'élever, cloué déjà sur la croix. Deux soldats s'asseyent sur la poitrine de la personne à crucifier et deux autres se chargent de tenir les membres et faire pénétrer les clous ; quand il s'agit de pieds, les deux personnes s'asseyent sur les genoux pour empêcher les réflexes naturels de retirer le pied, sous l'effet de la peur ou de la douleur. (Maria Valtorta).

 

La dislocation des membres

 

  Pour la crucifixion, les romains, pour gagner du temps, font déjà avant d'arriver au calvaire, des trous dans le bois de la barre transversale, approximativement à l'endroit où les pointes, après avoir traversé le poignet où le pied, doivent pénétrer dans le bois pour fixer Ja personne sur le bois.

 

  Dans le cas de Jésus, après avoir fixé la main droite, il se trouve que malheureusement pour la main gauche, le trou prévu est un peu éloigné de ladite main. Il ne reste plus qu'une solution : tirer la main jusqu'à ce qu'elle arrive à la place où l'attend le trou, pour qu'on puisse la clouer sans être obligé d'improviser un nouveau trou.

"Alors (je laisse raconter Maria Valtorta), ils prennent une corde, lient le poignet gauche et tirent jusqu'à déboîter la jointure et arracher les tendons et les muscles, sans compter qu'ils déchirent la peau déjà sciée par les cordes de la capture. L'autre main doit souffrir car elle est étirée par contre coup, et autour de son cou, le trou s'élargit". (P. 282).

 

  La vision de Marie d'Agreda est presqu'identique à celle de Maria Valtorta : "quand il fallut clouer l'autre main, elle ne put arriver au trou qui avait été malicieusement placé trop loin. Pour en venir à bout, ces hommes prirent la chaîne avec laquelle le sauveur avait été lié, ils mirent la main dans une espèce de menotte qui était à l'un des bouts, et tirèrent ensuite par l'autre bout avec tant de violence qu'ils réussirent...

Il n'est pas possible de concevoir les douleurs atroces que notre miséricordieux sauveur endura dans ce supplice" (P. 279).

 

  Pour les pieds, ce sera une scène semblable. Les soldats seront obligés de tirer sur les chevilles de Jésus, pour permettre aux pieds de rejoindre les trous déjà faits, mais un peu plus vers le bas de la croix. Ainsi, Jésus subira une deuxième dislocation ; on comprend alors ses paroles du Psaume : "mes membres se disloquent, je peux compter tous mes os" (Ps 22, 15). Il faut noter aussi que tous ces mouvements de déplacement du corps sur la croix, équivalent à un agrandissement des plaies de la flagellation au contact du bois de la croix, occasionnant déchirement des muscles et des tendons des mains et des pieds.

 

  On peut noter également que la couronne d'épines dans tous ces mouvements du corps sur la surface de la croix, ne fera que s'enfoncer davantage.

 

Dans un appel à l'Amour, le Seigneur lui-même se charge de faire à sa fille Josefa Menéndez la description de ce dernier épisode : "L'heure est sonnée ! Les bourreaux me tendent sur la croix. Ils saisissent mes bras et les étirent, afin que mes mains puissent atteindre les trous déjà creusés dans le bois. A chaque secousse, ma tête est ballotée de part et d'autre... et les épines de la couronne y pénètrent plus profondément...  

 

Après avoir cloué mes mains, ils tirent cruellement sur mes pieds ; les plaies s’ouvrent, les nerfs se rompent… les os se déboitent… la douleur est intense ; mes pieds sont transpercés… mon sang baigne la terre …

 

  Et, tandis que les coups de marteau résonnent d'un bout à l'autre de l'espace, le monde tremble, le ciel se revêt du plus rigoureux silence, tous les esprits angéliques se prosternent en adoration :  

  Un Dieu est cloué sur la croix !"  

 

Comment meurt-on sur la croix ?

 

  Une fois, sur la croix, sous l'effet de l'étirement des bras et du thorax d'une part, et d'autre part, sous l'effet du poids des membres inférieurs et du ventre par le bas, le crucifié a d'énormes problèmes pour respirer. Pour le faire, il est obligé de faire deux types d'exercice:

Prendre appui sur ses pieds pour essayer de bomber sa poitrine qui aura tendance à s'affaisser et pouvoir respirer, ou bien tirer sur ses deux mains clouées pour soulever sa poitrine et permettre à l'air d'y entrer. Et comme les mains et les pieds sont transpercés et immobilisés par les pointes, Chaque mouvement occasionne un accroissement de douleur et un agrandissement des plaies, ainsi qu’une nouvelle perte de sang. La fatigue et les douleurs musculaires sont atroces. Toutefois, si le crucifié épuisé arrête cette cruelle gymnastique, la mort s'en suit immédiatement.

 

  S'il tient à vivre encore quelques heures, le crucifié fera donc ces différents mouvements pour respirer ; mais comme par la même occasion, cela lui fait perdre beaucoup de sang, tandis que ses muscles s'affaiblissent au fur et à mesure qu'il s'efforce, il finira par s'épuiser et ne plus pouvoir continuer ces exercices et donc, à ne plus pouvoir respirer et par conséquent, mourir asphyxié, sans que personne ne soit obligé d'intervenir.

 

  L'état de fatigue dans lequel se trouvait Jésus, après la flagellation, le couronnement d'épines, le portement de croix, la crucifixion (avec dislocation des membres) etc., rend héroïne sa lutte contre la mort pendant trois heures (de 12h à 15 h) sur la croix .

 

"Briser les jambes", comme dans le cas des deux bandits, accélère le processus d'asphyxie, dans la mesure où il devient impossible de prendre appui sur les pieds pour respirer.

 

La soif

 

  Laissons raconter Maria Valtorta : "La soif donnée par la perte de sang, par la fièvre et par le soleil doit être intense, au point que lui, par un mouvement machinal, boit les gouttes de sa sueur et de ses larmes, et aussi les gouttes de sang qui descendent du front jusqu'à ses moustaches, et il s'en humecte la langue... la couronne d'épines l'empêche de s'appuyer au tronc de la croix pour aider la suspension par les bras et soulager les pieds. Les reins et toute l'épine dorsale se courbent vers l'extérieur en restant détachés du tronc de la croix à partir du bassin vers le haut, à cause de la force d'inertie qui fait pencher en avant un corps suspendu comme était le sien "(p. 288).

 

   La crucifixion est tellement douloureuse que pour alléger la douleur des crucifiés, on leur donne du vin mélangé avec de la myrrhe. C'est un produit anesthésique, qui permet de moins sentir la douleur, mais au stade où Jésus était arrivé, il va refuser de prendre cette drogue, comme nous l'avons dit plus haut, mais boira par contre, le fiel mélangé au vinaigre, plus amer mais sans effet adoucissant.

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N.B. Il va sans dire que ces souffrances physiques terribles ne sont qu'un reflet de celles intérieures, inimaginables, dont le secret est dans le cœur de Jésus. Une seule au moins nous est imaginable, celle de voir souffrir sa Mère...

 

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